Comme chaque année, le C-PRIM accueille et structure la venue des étudiants de l'École Nationale Supérieure d'architecture de Paris-Belleville dans les Pyrénées pendant une semaine. L'objectif ? Illustrer par des visites de sites la confrontation entre l'Homme et son environnement à travers les risques naturels présents sur le massif.
Cette fois encore, le gros de la semaine s'est déroulée dans le Lavedan (vallée des gaves). Comme partout ailleurs dans les Pyrénées, la vallée est sujette aux problématiques liées à l'activité torrentielle, à la sismicité et aux phénomènes gravitaires... des problématiques incontournables pour l'exercice de la profession d'architecte. À noter d'ailleurs que les étudiants en question sont déjà architectes et se forment sur deux années supplémentaires pour se spécialiser dans les risques naturels. Auprès d'eux, le C-PRIM et le Pays de Lourdes et des Vallées des Gaves (PLVG) ont dans un premier temps dressé le contexte géographique de la vallée en abordant le sujet des inondations et des crues passées, notamment celle du gave de Pau en 2013, ainsi que le risque sismique à travers la visite de la Maison de la Connaissance du Risque Sismique (MCRS) à Lourdes.
Intervention du service de Restauration des Terrains de Montagne (ONF-RTM)
Une première matinée a été consacrée aux différentes problématiques que pose le glissement de terrain à Viella, petit village de près de 100 habitants en vallée de Barèges. Laurent Lespine, chef du service RTM des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques, a accompagné sur le terrain les étudiants-architectes pour leur expliquer les caractéristiques du phénomène et pour leur montrer les conséquences matérielles et sociales qui ont déjà été observées dans la commune. Les études qui ont été conduites par le RTM et les bureaux d'études ont permis de délimiter l'emprise spatiale du glissement (sa profondeur reste néanmoins indéterminée) et de mesurer la vitesse de déplacement des terrains soumis au phénomène gravitaire. Le village glisse progressivement vers le torrent du Bastan. L'instrumentation de ce glissement dit "lent" devrait permettre d'organiser le suivi de celui-ci.
Le PLVG, entité gemapienne de la vallée
Alain Masy, chargé de mission au Pays de Lourdes et des Vallées des Gaves, est revenu sur la crue de 2013 et notamment sur les travaux dits « d'urgence » concernant le réaménagement du lit des cours d'eau et la restructuration des protections qui avaient été détruites. Il a souligné le paradoxe entre l'urgence de se
protéger au plus vite et le temps d'étudier les solutions qui permettraient de le faire plus efficacement : il ne s'agit pas de reconstruire ce qui a été détruit mais de repenser l'aménagement de
certains tronçons du gave de Pau et de ses affluents tumultueux pour éviter de revivre le scénario de 2013. Cela prend du temps car les réflexions ne se font pas au cas par cas (commune par
commune) mais à l'échelle du bassin versant des gaves du Lavedan. Rappelons que la prévention des inondations doit se baser sur une approche systémique du bassin versant puisque l'altération d'un
tronçon d'eau peut avoir des conséquences sur un autre des kilomètres plus loin. Hormis la reconstruction des ponts détruits par la crue (Built Back Better => ponts suspendus),
des travaux d'élargissement du lit du Bastan, d'enrochement des berges et d'endiguement ont été entrepris depuis 2013 mais certains d'entre eux ne prennent pas en compte le fonctionnement
systémique des cours d'eau. Le PLVG a la charge de mettre en œuvre une stratégie de prévention des inondations durable et cohérente pour l'ensemble de la vallée.
Arrens-Marsous, commune hôte du séjour
Durant la majeure partie de la semaine, les étudiants-architectes ont résidé dans cette commune du Val d'Azun et l'ont sillonné en long et en large afin de récolter suffisamment de données dans le cadre de la réalisation d'un diagnostic de vulnérabilité. Analyser l'urbain, déceler les risques, lire le paysage... rien ne devait échapper à l’œil avisé de ces observateurs qui devront évaluer la sensibilité du village vis-à-vis du risque d'inondation par ruissellement pluvial et par débordement du gave d'Azun et des ruisseaux présents sur la commune. L'étude portera également sur la vulnérabilité sismique du bâti d'Arrens-Marsous. L'objectif sera de cibler les fragilités structurelles et fonctionnelles de la commune par rapport à ces risques et de réfléchir à des solutions urbanistiques, architecturales et de valorisation du site qui pourraient renforcer la résilience et l'attractivité du territoire. Les projets et les résultats qui en découleront s'inscriront avant tout dans le cadre de leur formation mais il est déjà arrivé que les collectivités les exploitent dans leurs démarches réglementaires (élaboration des Plans Communaux de Sauvegarde par exemple) ou dans leurs projets d'urbanisme.
Les risques côtiers sur le littoral basque
Pour diversifier le séjour des étudiants-architectes, la thématique des risques côtiers a été abordée par le Centre Permanent d'Initiatives pour l'Environnement du Littoral Basque (CPIE-LB). Érosion terrestre et marine, submersion et recul du trait de côte... autant de phénomènes qui posent la question du « repli stratégique » des enjeux humains. Alistair Brockbank, chargé de mission du CPIE et Jean Choignard, géologue et élu de la commune de Guéthary, ont habilement fait le lien entre les aléas côtiers et l'aménagement des communes côtières et les problématiques qu'elles rencontrent. Par ailleurs, le Bureau des Recherches Géologiques et Minières (BRGM) a analysé les mécanismes et les causes de l'érosion sur l'ensemble du littoral de la Communauté d'Agglomération Pays Basque (CCPB) afin de proposer une stratégie de gestion des risques littoraux adaptée aux différents secteurs de la côte. Cette stratégie s'appuie à la fois sur la dynamique du recul du trait de côte et sur les besoins des collectivités pour préserver l'attractivité de leur territoire.
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