Les catastrophes du passé nous ont permis, souvent au prix fort, de déceler nos lacunes en matière de gestion du risque et de mettre en évidence notre impréparation aux événements majeurs. Depuis les tempêtes Martin et Lothar en 1999, l'État français affiche la volonté claire et nécessaire de renforcer la prévention des risques majeurs et la gestion des crises dans le pays. Les lois relatives à la prévention des risques technologiques et naturels (2003) et à la modernisation de la sécurité civile (2004) placent le citoyen au centre des mesures d'information et des planifications. L'objectif est de tout mettre en œuvre pour réduire la vulnérabilité du citoyen et de se préparer optimalement aux prochaines crises.
Quand on parle de crise, on désigne une rupture dans le fonctionnement d'une collectivité. Cette rupture peut notamment être provoquée par la survenue d'un événement majeur (crues, séisme, tempête, etc.). Et quand les moyens humains et matériels de la collectivité en question sont dépassés, c'est-à-dire, quand ils ne permettent plus le maintien d'une situation à la normale, on parle alors de crise.
Le citoyen est le premier acteur de sa sécurité. Il doit savoir comment réagir et se comporter face à un danger qui menace son intégrité. Il est nécessaire de développer une
« culture de la sécurité » afin d'apporter les connaissances et les attitudes qu'une
personne devrait adopter pour assurer et prioriser sa sûreté par rapport au reste. La promotion de cette culture dans les Pyrénées est l'une des missions phare du
C-PRIM.
Tels sont les deux principaux devoirs que l'État doit assumer auprès des citoyens quand il y a un risque (naturel, technologique, sanitaire, etc.). La protection des biens et des personnes passe immanquablement par l'information du citoyen : l'alerter et le prévenir, c'est réduire sa vulnérabilité aux risques qu'il encoure. Et quand la situation l'exige, le secours aux personnes en danger s'ajoute aux nombreuses missions qui constituent le rôle de la sécurité civile.
En France, la réponse de la sécurité civile en cas d'événement majeur s'organise selon la gravité des dangers et l'échelon territorial concerné. Le maire est responsable de la sauvegarde de la population dans les limites spatiales de sa commune et doit donc mobiliser les moyens communaux pour protéger les habitants avec l'appui éventuel des services de secours et de sécurité (sapeurs-pompiers, gendarmes, policiers). Sur événement plus important, c'est le préfet de département ou le préfet de zone qui prend la direction des opérations de secours et déploie les effectifs humains et les besoins matériels en fonction de l'ampleur de la situation de crise (par exemple : fort séisme, méga-feux, tempête, etc.).
Illustration simplifiée de la chaîne de sécurité civile en France © C-PRIM
Une telle organisation permet de déployer les moyens et de prendre les mesures nécessaires et adaptées à une situation plus ou moins grave. Mais cela ne veut pas dire que c'est soit l'un soit l'autre, l'organisation de chaque échelle s'imbrique parfaitement avec celle du dessous ou du dessus (exemple : si le dispositif ORSEC est déclenché à l'échelle départementale, cela signifie également que c'est aussi le cas pour les Plans Communaux de Sauvegarde des communes du département en question. Les stratégies territoriales sont cohérentes et liées entre elles.).
1. De plusieurs manières ! D'une part, il est un acteur de la prévention car il se doit d'informer les habitants sur les risques majeurs qui sont présents sur sa commune. Il peut notamment le faire à travers l'élaboration d'un Document d'Information Communal sur les Risques Majeurs (DICRIM), généralement consultable sur les sites internet des mairies ou parfois distribué dans les boîtes aux lettres. Il détaille les caractéristiques des risques majeurs connus, l'historique des évènements passés, les mesures de prévention, de protection et de sauvegarde prises par la commune, les modalités de vigilance et d'alerte ainsi que les consignes de sécurité à adopter en cas de danger.
DICRIM de la commune de Nay (64)
2. En maîtrisant l'urbanisme et l'occupation des sols sur sa commune. Il autorise ou interdit les nouvelles constructions sur les terrains en fonction de leur exposition ou non à un ou plusieurs risques. Les risques présents sur une commune doivent être pris en compte dans les réglementations du Plan Local d'Urbanisme (PLU) et du Plan de Prévention des Risques (PPR), deux documents qui permettent de connaître la constructibilité des terrains.
3. En remplissant son devoir de protection et de sauvegarde de la population. Comme indiqué précédemment, la commune est l'échelon en première ligne lorsqu'un sinistre survient et il est donc nécessaire pour le maire et son équipe de suivre une stratégie de gestion des événements pour pouvoir mener à bien ses missions de sauvegarde. Cette stratégie est planifiée au préalable, dans le cadre du Plan Communal de Sauvegarde (PCS).
Il existe deux manières de protéger la population. L'une se réfère à l'ensemble des missions relatives au secourisme qui sont assurées par les services dédiés tels que
les Services Départementaux d'Incendie et de Secours (SDIS) et les services d'urgence. Les interventions dites de « secours » n'entrent pas dans le champ de compétences d'une commune. En revanche, cette dernière est
habilitée à protéger sa population à travers les mesures de sauvegarde préconisées par le Plan Communal de Sauvegarde et mises en œuvre par le maire.
Que signifie la « sauvegarde » ? Secourir et sauvegarder, deux approches de la protection
Comme indiqué sur le schéma ci-dessus, la sauvegarde regroupe les actions destinées à empêcher la mise en danger des personnes (alors que le secours implique déjà une situation de danger). Selon la nature de l'événement, le maire décide des mesures préventives à appliquer pour protéger les habitants de sa commune. Dans tous les cas, le maire doit informer et alerter ses administrés du risque présent ou à prévoir sur sa commune pour que ceux-ci puissent adapter leur comportement à la situation. L'action de sauvegarde passe parfois par l'interdiction de sortir ou de rester chez soi, de circuler ou d'accéder à certains lieux. Si le maire considère un danger imminent, il a la possibilité de décider de confiner ou de faire évacuer la population entière ou partielle afin de la mettre à l'abri. Enfin, grâce aux moyens communaux ou avec l'appui des autorités supérieures, le maire doit tout mettre en œuvre pour le retour à la normale sur sa commune.
À quoi sert le PCS ?
Il permet d'envisager préalablement tous les scénarios possibles sur le territoire d'une commune et de réfléchir à leurs conséquences, d'identifier les moyens humains et matériels mobilisables pour faire face à un événement et de définir un panel de mesures à prendre pour assurer la sauvegarde des biens et des personnes. En d'autres mots, le PCS reflète « le plan de bataille » d'une commune pour gérer un événement imprévu sur son territoire.
Le Plan Communal de Sauvegarde ne permet pas uniquement de gérer une situation de crise mais il sert aussi à l'éviter. Le PCS se veut être utile à la fois en situation d'alerte, c'est-à-dire quand le danger est imminent mais aussi lorsqu'une situation à risque se profile et évolue dans le temps (exemple : phénomènes météorologiques, crues lentes, etc.). Il contient un volet dédié à la vigilance qui suggère généralement des actions de surveillance et d'anticipation avant même qu'un événement ne survienne. Une gestion progressive est donc rendue possible grâce à l'approche graduelle du PCS.
De manière plus concrète, le PCS est un outil opérationnel qui prend généralement la forme d'un ou de plusieurs classeurs regroupant les ressources utiles à une gestion proportionnée et efficace d'un événement. Il est là pour soutenir chaque décision du maire en répondant à ses multiples questionnements lors d'un imprévu
Retrouvez votre rôle à jouer pour chaque risque naturel : Connaître les risques
Pour en savoir plus sur l'accompagnement proposé par le C-PRIM dans l'élaboration du PCS : Assistance des collectivités